Plusieurs changements majeurs, de nature démographique et socioéconomique, affectent les caractéristiques de la jeunesse québécoise. Ces changements sont déjà en cours depuis plusieurs années et ils donnent des indications précieuses sur les évolutions auxquelles on peut s’attendre pour l’avenir : des évolutions qui transformeront à terme l’ensemble de la société québécoise.
Afin de disposer de données validées sur ces principaux changements, le Secrétariat à la jeunesse a demandé à l’Institut de la statistique du Québec de tracer un portrait des jeunes de 15 à 29 ans, entre 1996 et 20121.
L’analyse de l’Institut de la statistique du Québec et ses projections pour l’avenir font apparaître trois points essentiels :
Les données de l’Institut de la statistique du Québec confirment une tendance dont les jeunes ont bien pris conscience : leur importance relative dans la société, sur le plan strictement quantitatif, a tendance à diminuer.
En 1996, le Québec comptait près de 1,47 million de jeunes de 15 à 29 ans, soit 20,3 % de la population.
En 2012, le nombre de jeunes de 15 à 29 ans avait augmenté à 1,52 million, mais leur part relative dans l’ensemble de la population avait diminué à 18,9 %.
Pour 2030, l’Institut de la statistique du Québec prévoit actuellement que le Québec comptera 1,42 million de jeunes de 15 à 29 ans, représentant alors 16,1 % de la population.
Cette tendance démographique globale signifie que les jeunes ne bénéficient plus du poids du nombre au sein de la société, ni actuellement ni dans un avenir prévisible.
Graphique 1 : Répartition de la population par grand groupe d’âge, Québec, 1971 à 2012 (en pourcentage de la population totale)
Source : Statistique Canada. Estimations démographiques, adapté par l'Institut de la statistique du Québec.
Années | 0-14 ans | 15-29 ans | 30-64 ans | 65 ans et plus |
---|---|---|---|---|
1971 | 29,3 | 27,7 | 36,1 | 6,8 |
1976 | 24,6 | 29,7 | 38,0 | 7,6 |
1981 | 21,5 | 29,2 | 40,6 | 8,8 |
1986 | 20,2 | 26,3 | 43,6 | 9,8 |
1991 | 19,8 | 22,5 | 46,6 | 11,1 |
1996 | 19,1 | 20,3 | 48,7 | 12,0 |
2001 | 17,6 | 19,7 | 49,6 | 13,0 |
2006 | 16,4 | 19,7 | 50,0 | 14,0 |
2011 | 15,6 | 19,1 | 49,6 | 15,7 |
2012 | 15,5 | 18,9 | 49,4 | 16,2 |
Sur plusieurs plans, les évolutions observées par l’Institut de la statistique du Québec et concernant les jeunes sont encourageantes.
On constate d’abord que les conditions des jeunes sur le marché du travail se sont significativement améliorées au cours des dix dernières années.
Les jeunes participent davantage au marché du travail.
Cette augmentation est cependant moins grande que pour l’ensemble de la population de 15 ans et plus au cours de la même période, où elle a atteint 21,6 %. Les femmes ont connu une plus grande croissance de leur taux d’activité (de 61,7 % en 1996, à 73,1 % en 2012) que les hommes (de 69,4 % en 1996, à 73,9 % en 2012), rattrapant pratiquement leur retard.
Simultanément, le taux de chômage chez les jeunes de 15 à 29 ans a diminué, passant de 15,9 % à 11,3 %. Le chômage ne touche cependant pas également l’ensemble des jeunes.
Ce taux est demeuré plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Bien qu’il ait baissé pour tous les niveaux de scolarité, le chômage affecte plus fortement ceux qui ont un moins haut niveau de scolarité.
Graphique 2 : Taux de chômage des 15-29 ans selon le sexe, Québec, 1996 à 2012 (en pourcentage)
Sources : Statistique Canada. Enquête sur la population active, 2012, adapté par l'Institut de la statistique du Québec.
Année | Hommes | Femmes |
---|---|---|
1996 | 17,1 | 14,4 |
1997 | 17,8 | 14,2 |
1998 | 15,2 | 13,4 |
1999 | 13,6 | 11,8 |
2000 | 12,6 | 11,1 |
2001 | 12,9 | 10,3 |
2002 | 13 | 10 |
2003 | 13,6 | 10,4 |
2004 | 13,8 | 10,2 |
2005 | 12,8 | 10,1 |
2006 | 12,3 | 9,5 |
2007 | 12,3 | 8,6 |
2008 | 11,4 | 8,6 |
2009 | 14,5 | 9,8 |
2010 | 13,2 | 9,4 |
2011 | 12,6 | 9,9 |
2012 | 13,1 | 9,5 |
Graphique 3 Taux de chômage des 15-29 ans selon le niveau de scolarité, Québec, 1996 et 2012 (en pourcentage)
Sources : Statistique Canada. Enquête sur la population active, 2012, adapté par l'Institut de la statistique du Québec.
Année | Ensemble | Sans DES | DES | Études postsecondaires |
Diplôme universitaire |
---|---|---|---|---|---|
1996 | 15,9 | 26,7 | 16,8 | 12,9 | 8,3 |
2012 | 11,3 | 23,7 | 10,7 | 9,1 | 6,7 |
Il existe toujours un écart entre les jeunes immigrants et ceux nés au Canada, mais cet écart a significativement rétréci. Pour les 15 à 24 ans, l’écart est passé de 14,7 points de pourcentage en 2006 à 4,7 points de pourcentage, en 2012.
Entre mars 2001 et mars 2012, le nombre de prestataires d’aide financière de dernier recours (aide sociale ou solidarité sociale) a diminué de 25,2 %.
D’ici 2030, le marché du travail dans lequel évolueront les jeunes devrait rester favorable à leur entrée rapide dans la vie active. Les départs massifs à la retraite commencent déjà à exercer des pressions sur la demande de main-d’œuvre.
Le taux de chômage devrait diminuer, et les jeunes constitueront le principal bassin de main-d’œuvre pour répondre à la demande.
Dans le domaine de l’éducation, on constate une diminution du décrochage scolaire. Entre 2000 et 2011, le taux de décrochage annuel2 est passé de 27,9 % à 20,1 % chez les garçons, et de 16 % à 12,6 % chez les filles.
On observe également une augmentation de la proportion de jeunes diplômés universitaire. La proportion des jeunes de 25 à 34 ans titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme universitaire supérieur au baccalauréat a significativement augmenté entre 1996 et 2012, passant de 19,8 % à 31,2 %. Cette augmentation est plus forte pour les femmes que pour les hommes. La proportion de femmes de 25 à 34 ans titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme universitaire supérieur au baccalauréat est passée de 21,3 % à 37,5 %, entre 1996 et 2012. Chez les hommes, cette proportion est passée de 18,4 % à 25 %, entre 1996 et 2012.
On constate d’ailleurs que les jeunes femmes occupent maintenant une place majoritaire à l’université. En 2011, les femmes formaient 57,8 % des effectifs des universités québécoises. En 2009-2010, 29,3 % des femmes de 20 à 24 ans fréquentaient l’université à temps plein ou à temps partiel, comparativement à 20 % des hommes du même groupe d’âge.
Graphique 4 : Taux officiel de sorties sans diplôme ni qualification (décrochage annuel) parmi l’ensemble des sortants du secondaire en formation générale des jeunes selon le sexe, 1999-2000 à 2010-2011 (en pourcentage)
Note : Le taux de décrochage annuel est calculé en divisant le nombre d’élèves sortants sans diplôme ni qualification par l’ensemble des élèves sortants du secondaire en formation générale des jeunes, multiplié par 100. Les sorties sans diplôme ni qualification comprennent des sorties dues à l’émigration hors Québec, à la mortalité et à d’autres causes que le décrochage.
Source : Ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. Système Charlemagne, novembre 2012, adapté par l'Institut de la statistique du Québec.
Genre | 1999-2000 | 2000-2001 | 2001-2002 | 2002-2003 | 2003-2004 | 2004-2005 | 2005-2006 | 2006-2007 | 2007-2008 | 2008-2009 | 2009-2010 | 2010-2011 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Hommes | 27,9 | 27,3 | 28,5 | 28,6 | 27,8 | 27,1 | 26,2 | 26,0 | 25,2 | 22,6 | 21,5 | 20,1 |
Femmes | 16,0 | 15,9 | 16,5 | 16,3 | 16,1 | 15,6 | 15,6 | 15,6 | 15,6 | 14,3 | 13,6 | 12,6 |
Graphique 5 : Proportion des jeunes de 25-34 ans titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme universitaire supérieur au baccalauréat selon le sexe, Québec, 1996 à 2012 (en pourcentage)
Source : Statistique Canada. Enquête sur la population active, 2012, adapté par l'Institut de la statistique du Québec.
Année | Hommes | Femmes | Total |
---|---|---|---|
1996 | 18,4 | 21,3 | 19,8 |
1997 | 19,7 | 22,2 | 20,9 |
1998 | 21,2 | 23,3 | 22,2 |
1999 | 20,1 | 25,8 | 22,9 |
2000 | 21,5 | 29,9 | 25,6 |
2001 | 22,3 | 29,0 | 25,6 |
2002 | 21,4 | 29,4 | 25,3 |
2003 | 22,9 | 30,0 | 26,4 |
2004 | 23,3 | 31,2 | 27,2 |
2005 | 23,3 | 32,3 | 27,7 |
2006 | 24,0 | 33,8 | 28,8 |
2007 | 22,2 | 33,5 | 27,8 |
2008 | 20,9 | 33,4 | 27,0 |
2009 | 23,6 | 33,2 | 28,3 |
2010 | 25,3 | 34,2 | 29,7 |
2011 | 26,0 | 35,6 | 30,7 |
2012 | 25,0 | 37,5 | 31,2 |
Enfin, pour ce qui est de la santé, on observe une diminution du taux de mortalité depuis le début des années 2000.
Entre 2000-2002 et 2007-2009, le taux de mortalité des 15-29 ans a chuté, surtout chez les hommes. Le nombre de décès pour 100 000 individus est passé de 32,3 à 26,7 pour les femmes, et de 85,5 à 66,1 pour les hommes.
Cette réduction du taux de mortalité s’explique par une diminution de toutes les causes de décès, et particulièrement du nombre de suicides. Entre 2000-2002 et 2007-2009, le nombre de suicides pour 100 000 individus est passé de 7,4 à 5,2 chez les femmes, et de 31,3 à 19 chez les hommes.
Les suicides restent cependant une cause importante de mortalité chez les jeunes hommes, soit la deuxième après les accidents de véhicules à moteur.
Graphique 6 : Taux de mortalité des jeunes de 15-29 ans selon la cause et le sexe, Québec, 2000-2002 et 2007-2009 (décès pour 100 000 individus)
Note : La catégorie « Causes externes, autres » regroupe toutes les causes externes, à l’exception des suicides et des accidents de la route impliquant un véhicule à moteur.
Source : Institut de la statistique du Québec.
2000-2002 | 2007-2009 | |
---|---|---|
Toutes causes réunies | 32,3 | 26,7 |
Tumeurs | 5,2 | 3,9 |
Accidents de véhicules à moteur | 8,4 | 6,4 |
Lésions auto-infligées (suicides) | 7,4 | 5,2 |
Causes externes, autres | 2,6 | 3,1 |
Autres causes | 8,7 | 8,1 |
2000-2002 | 2007-2009 | |
---|---|---|
Toutes causes réunies | 85,5 | 66,1 |
Tumeurs | 5,7 | 4,9 |
Accidents de véhicules à moteur | 23,0 | 19,8 |
Lésions auto-infligées (suicides) | 31,3 | 19,0 |
Causes externes, autres | 13,7 | 12,6 |
Autres causes | 11,8 | 9,7 |
On observe également une amélioration de certaines habitudes de vie chez les jeunes.
Entre 2000-2001 et 2009-2010, la proportion de jeunes sédentaires3 parmi l’ensemble des jeunes a diminué de 24,1 % à 17,3 %. Au cours de la même période, la proportion de jeunes peu actifs est passée de 18,4 % à 15,7 %.
Parallèlement à ces améliorations, on constate certains phénomènes préoccupants. En 2009-2010, davantage de jeunes souffraient de surpoids, soit d’embonpoint ou d’obésité, qu’en 2000-2001. Au cours de la même période, la proportion de jeunes souffrant de surpoids est passée de 25 % à 30 %.
Graphique 7 Statut pondéral des 15-29 ans, Québec, 2000-2001 et 2009-2010 (en pourcentage)
Note : En raison de problèmes de comparabilité entre les différents cycles de l’enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, il convient d’éviter de comparer directement les résultats d’une année à l’autre; des analyses supplémentaires concernant l’indicateur présenté dans ce tableau seraient nécessaires avant de conclure à des différences significatives. Il est plutôt suggéré de dégager des tendances générales.
Sources : Statistique Canada. Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2000-2001, 2005 et 2009-2010, fichiers de partage.
Compilation : Institut de la statistique du Québec. 17 avril 2013.
Embonpoint | Obésité | |
---|---|---|
Total | 18,0 | 7,0 |
Hommes | 23,1 | 7,0 |
Femmes | 12,3 | 7,0 |
Embonpoint | Obésité | |
---|---|---|
Total | 21,3 | 8,7 |
Hommes | 25,6 | 11,3 |
Femmes | 16,5 | 5,8 |
L’étude de l’Institut de la statistique du Québec met en relief plusieurs tendances de fond, qui se répercuteront à terme sur l’ensemble de la société québécoise.
Les jeunes d’aujourd’hui sont nés avec Internet, et cela influence grandement leur manière de communiquer.
En 2010, 77,8 % des jeunes de 16 à 24 ans et 70,7 % des jeunes de 25 à 34 ans utilisaient la messagerie instantanée, alors que cette proportion s’établissait à 55,1 % dans l’ensemble de la population.
Le même phénomène s’observe pour l’usage des réseaux sociaux. On observe que 88,5 % des 16 à 24 ans et 82,6 % des 25 à 34 ans utilisaient les médias sociaux en 2010, comparativement à 55,7 % pour l’ensemble de la population.
En 2012, le taux de bilinguisme français-anglais était significativement plus élevé chez les jeunes (57,5 %) que dans l’ensemble de la population (42,6 %).
Il faut cependant souligner qu’en 2011, la langue la plus souvent parlée à la maison chez les 15-29 ans restait très majoritairement le français (80,4 %).
La consommation de produits culturels chez les jeunes est en augmentation et dépasse, dans bien des cas, celle de l’ensemble de la population.
De 1999 à 2009, la proportion de jeunes de 15 à 24 ans disant ne jamais lire est passée de 26,2 % à 6,9 %, pendant que celle des jeunes disant lire assez souvent ou très souvent a grimpé de 53 % à 65,8 %. En comparaison, dans l’ensemble de la population, en 2009, ces proportions étaient respectivement de 16 % et 59 %.
Au cours de la même période, les jeunes de 15 à 24 ans ont également augmenté leur présence à des spectacles professionnels (de 25,2 % à 47,6 % pour le théâtre, de 5,1 % à 20,9 % pour les concerts classiques et de 13,3 % à 25,5 % pour les spectacles de danse). Il s’agit d’une augmentation plus importante que dans la population en général.
De 2004 à 2010, la proportion des jeunes de 15 à 24 ans faisant du bénévolat a augmenté de 44,8 % à 54,4 %. Le nombre moyen d’heures de bénévolat par jeune a cependant diminué, passant de 103,9 à 83.
Les jeunes sont toujours sous-représentés parmi les élus par rapport à leur proportion dans l’ensemble de la population, et cela, au niveau municipal comme au niveau provincial.
Le taux de participation des jeunes Québécois aux élections est plus faible que celui de l’ensemble des citoyens. Toutefois, le taux de participation des jeunes a augmenté lors des dernières élections générales.
Les travaux de l’Institut de la statistique du Québec confirment plusieurs évolutions déjà en cours depuis plusieurs années. Ces travaux définissent le contexte général dans lequel se développent les projets actuellement portés par les jeunes.
L’amélioration des conditions économiques, et en particulier du marché du travail, est une bonne nouvelle.
Elle donne une marge de manœuvre accrue aux jeunes pour effectuer les bons choix professionnels afin de s’épanouir dans leur future vie active.
Les résultats observés en matière de santé, comme d’éducation, démontrent que les efforts consentis au cours de la dernière décennie commencent à porter leurs fruits.
Toutefois, le décrochage scolaire touche encore trop de jeunes. Par ailleurs, la vulnérabilité psychologique reste un problème pour plusieurs et la maladie mentale est une importante cause d’hospitalisation chez les jeunes.
En termes de culture et de communication, une véritable révolution numérique est déjà largement engagée.
La diminution continue du poids relatif des jeunes dans la société québécoise est probablement le phénomène le plus profond confirmé par l’Institut de la statistique du Québec.
La société québécoise vieillit, et les jeunes ne peuvent plus compter sur leur nombre pour porter leurs projets, comme au temps du baby-boom.
Et pourtant, ces projets sont essentiels pour que le Québec conserve son dynamisme et bâtisse son futur.
Les jeunes sont les bâtisseurs du Québec de demain.
Plus que jamais, au nom de l’ensemble des Québécois, le gouvernement doit soutenir les jeunes, les accompagner dans la réalisation de leurs plans d’avenir, en commençant par être à leur écoute.